Des espionnes et une héroïne

A partir de 1915, les femmes ont commencé à intégrer les réseaux d'espionnage et de renseignements jusqu'alors très majoritairement masculins. Les services secrets considèrent alors que les femmes ont des armes redoutables. Mais toutes les espionnes ne sont pas des séductrices professionnelles! Elles sont issues de toutes les classes sociales et s'engagent par dévouement, patriotisme et sacrifice.

Les espionnes vont ainsi mener une guerre de l'ombre, secrète et silencieuse, mais surtout redoutable: le sort des espions et espionnes arrêtés est la condamnation à mort ou un sévère régime carcéral.

L'organisation des réseaux d'espionnage français

Après deux scandales provoqués par Marie Bastian (Affaire Dreyfus) et Marie Foret (commandant Henry), le Service des Renseignements n'emploie plus de femmes. Il faut attendre l'arrivée du capitaine Ladoux en 1915 à la tête de la Section de Centralisation des Renseignements militaires; il est convaincu que la "collaboration horizontale" est le moyen le plus efficace pour obtenir des informations. Il l'exigera d'ailleurs de certaines espionnes (Marte Richer, Mata Hari par exemple) tandis que d'autres le refuse catégoriquement.

  • Deux catégories d'espionnes: il existe des espionnes occasionnelles (prostituées, chanteuses, diseuses de bonne aventure, etc.) et les espionnes professionnelles; elles peuvent être en poste fixe ou mobile en Europe.
  • Des missions variées: observation des mouvements des troupes et convois de munitions, surveillance de la fabrication des usines de guerre, repérage des mouvements de sous-marins, traque des espions et espionnes allemands, aide au franchissement des frontières des prisonniers de guerre, des évadés, des blessés, agent double.
  • Les risques du métier: la peine de mort pour tout français ayant livrè à l'ennemi des plans, des écrits, des documents ou encore des renseignements secrets concernant la défense du territoire et la sureté de l’État, les travaux forcés ou de longues peines d'emprisonnement.
  • Motivations: patriotisme, vengeance, argent, goût du risque, volonté d'indépendance.

Portrait de deux espionnes françaises

S'engager dans les réseaux d'espionnage montre certainement une volonté de vouloir être considéré à l'égal de l'homme. Et d'obtenir le statut de combattante reconnue de la Grande Guerre.

Louise de BETTIGNIES

Source: Wikipédia. Domaine public.
Source: Wikipédia. Domaine public.

Noms de code: "Alice Dubois", "Marie Dubois" ou "Pauline"

Surnom: "La Jeanne d'Arc du Nord"

Atouts: elle a fait ses études à Oxford et elle est polyglotte (elle parle six langues).

Lieu: Lille - Ville envahie et occupée par les allemands dès octobre 1914.

Premières missions: apporter des ravitaillements aux troupes, emporter vers la France libre le tout premier courrier de Lille.

Recrutement par les services secrets: en février 2015, elle est approchée par les services secrets français et anglais. Elle accepte la proposition anglaise et se forme à Folkestone où elle s'initie en quelques jours au rudiment de l'espionnage. 

 

Le réseau "Alice Dubois" ou Ramble: elle dirige alors depuis son domicile de Lille un vaste réseau de renseignements dans le Nord de la France pour le compte de l’armée britannique et de l’Intelligence Service.

Avec son amie et bras droit Léonie Vanhoutte dite "Charlotte", elle centralise des informations sur les opérations de l'armée allemande (mouvements des troupes, de trains, de zeppelins, d'artillerie, emplacements de dépôts de munitions, déplacements de personnalités).

Elle travaille avec le réseau belge de la Dame Blanche commandé par les sœurs Tandel.

 

"C'est un honneur que vous me faîtes de m'appeler à donner ma vie pour mon pays. Je vous remercie". Paroles prononcées par Louise de Bettignies lors de son procès le 16 mars 1916.



Mathilde LEBRUN

Noms de code: " R2" pour les Allemands et "Simone" pour les Français

Surnom: "Tout-fou"

Fonction: Agent double

 

Situation: originaire de Pont-à-Mousson, veuve, mère de trois enfants

 

Mission pour le Service de Renseignements français: traverser les lignes allemandes et se rendre à Metz pour recueillir un maximum d'informations sur les positions ennemies.

 

Mission pour les Allemands: trouver les formules des gaz asphyxiants français.

 

Un livre: "Mes treize missions", paru en 1935.


D'autres espionnes

De gauche à droite: "Mademoiselle Docteur", Édith Cavell, Mata Hari, Gabrielle Petit.

Source: Wikipedia. Domaine public.

Une héroïne sur papier

Même les héros de fiction se mobilisent pendant la guerre.


Source: Gautier-languereau.fr

Héroïne depuis sa création en 1905 et sa parution dans le magazine La Semaine de Suzette, Bécassine est mobilisée pendant la grande Guerre; quatre albums sont consacrés à ses aventures: Bécassine pendant la guerre (1916), Bécassine chez les Alliés (1917), Bécassine mobilisée (1918) et Bécassine chez les Turcs (1919). La naïve bonne bretonne, première héroïne de bande-dessinée, réussit à devenir aviatrice et photographe aérienne.