Vers l’émancipation des françaises?

Pour la majorité des femmes, l'expérience de la guerre sur le front ou à l'arrière, se révèle être concluante. Cet intérim qui leur a permis d’accéder à des emplois réservés aux hommes, leur fait prendre conscience de leurs capacités, leur permet d’accéder à l'indépendance financière et de devenir ainsi plus autonomes voire même revendicatrices.

« Les françaises de la guerre remplacent les hommes, assument des responsabilités et font tourner le pays11.»

Mais leur émancipation est-elle bien réelle?

Source: Réseau-canopé.fr
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Oui ...


Source: France info
Source: France info

Oui, si l'on considère l'évolution des mœurs et des mentalités.

De nombreuses évolutions dans la condition des femmes, pendant la 1ère guerre mondiale, peuvent laisser penser que la femme de ce début du XXème siècle va évoluer:

  • la mode : rien de plus significatif que la mode féminine pendant la guerre avec notamment le développement de la mode garçonne (abandon du corset et de la robe longue, cheveux courts, bras nus, ceinture basse, silhouette d'adolescente ) pour montrer l'évolution des mœurs et des comportements; Coco Chanel dit: "J'ai rendu au corps des femmes sa liberté; ce corps suait dans des habits de parade, sous les dentelles, les corsets, les dessous, le rembourrage, ...",
  • l'accès à des métiers jusque là réservés aux hommes,
  • leurs qualités reconnues, l'accès à de nouvelles responsabilités et la reconnaissance de leurs capacités à gérer une famille,
  • la liberté de mouvement: elles peuvent danser, faire du sport, sortir seules parfois...

Source: Centenaire.org
Source: Centenaire.org
Source: Centenaire.org
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En réalité, ces velléités d'émancipation sont contenues par des intellectuels et la bourgeoisie éclairée. Dans une France traumatisée par la baisse démographique qu'a provoquée la 1ère guerre mondiale (lourd bilan humain et chute de la natalité), marquée par le retour des hommes qui ont souffert et qui souhaitent reprendre leur place comme chef de famille, les femmes sont rappelées à leur rôle d'épouses, de maîtresses de maison et de mères de famille .


... et Non.          Le point de vue des féministes

Non, si l'on considère les droits des femmes consacrés par la loi.

Le féminisme est un des fers de lance du patriotisme féminin pendant la guerre. Il suspend ses revendications au nom de l'Union sacrée et refuse toute alliance internationale avec les femmes des pays non alliés. Mais, les femmes ayant fait leurs preuves tout au long du conflit, et la guerre ayant mis en évidence que les femmes sont les égales des hommes, les féministes pensent obtenir des droits civils, politiques et un réel droit au travail.

Pourtant, elles ne disposent pas des mêmes droits qu'eux.

Le conflit terminé, les revendications féministes sur le droit de vote se font plus insistantes. D'autant qu'en 1918, dans les pays voisins et notamment la Grande-Bretagne grâce à la victoire des suffragettes, les femmes votent. Deux ans plus tard, les Américaines l'obtiennent aussi.

De plus, les femmes n'obtiendront aucun acquis en terme de droits civiques: la femme mariée en 1919 reste une mineure juridique, elle n'a aucune autorité maternelle sur ses enfants, elle n'a aucun droit de regard sur l'administration des biens.


Source: L'influx
Source: L'influx

 

Pour la majorité des femmes, l'après-première guerre mondiale s'est traduit par un retour à la normale et aux valeurs traditionnelles; elle n'est donc pas une révolution comme on aurait pu le penser. Si les femmes obtiennent la création du baccalauréat féminin en 1919, elles n'obtiendront le droit de vote qu'en 1944.

Néanmoins, la Grande Guerre est une étape majeure dans l'émancipation des femmes. Vient alors la place des "Années folles".

11. THEBAUD, Françoise. Les femmes au temps de la guerre de 14. Petite Bibliothèque Payot. N°947. Éditions Payot & Rivages, 2013.